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dessin de Philippe Kaeppelin gravé en 1946 |
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Les Pénitents Blancs: poème recueilli en 1953De Lamentatione… L’Office des Ténèbres Déroule lentement tous ses rites funèbres Dont les hymnes de deuil aux sons tristes et lents S’exhalent par vos voix, graves Pénitents blancs. Je les entends encor ces voix scandant les Psaumes. Et qui semblaient monter d’un groupe de fantômes… Les cierges du lutrin s’éteignent un à un Laissant flotter dans l’air un âcre et doux parfum Et lorsque le dernier expire, c’est le signe Qu’enfants nous attendions pour un tumulte insigne Fait pour commémorer la rumeur qui montaAprès la mort du Christ autour du Golgotha. Cependant le Recteur fermant l’Antiphonaire S’avance maintenant au pied du Sanctuaire Et d’une voix profonde, il nomme tour à tour Les instruments divers rassemblés pour ce jour. Et c’est la robe rouge et c’est la robe blanche Et c’est à chaque appel un spectre qui se penche Et qui s’en va pieds nus emportant son fardeau. L’aiguière, l’échelle, le coq, les clous et le marteau Les fouets et la colonne, le coutelas, les dés et le roseau Le buisson, les tenailles ; puis entre deux falots, voici l’Ecce Homo. La lance et l’éponge tout le sombre appareil des supplices Le Saint Suaire, le voile de Véronique, la Patène, le Calice Et la main qui frappa Jésus dans la prison. Et les trente deniers prix de la trahison. Puis chaque pénitent emportant son mystère Les uns au bout des bras levés, d’autres genoux heurtant la terre Entre deux grands falots s’avancent lentement Car chacun de leurs pas est un prosternement. Mais la Croix reste encor et c’est un privilège Que de porter la Croix à la fin du cortège. Dolente, la voix triste, la clameur des chantres se poursuit Et tandis que l’étrange vision s’éloigne dans la nuit Retentissent dans l’air les chants de la douleur : Miserere mei. Le Vexilla Regis, le Stabat Mater et les sanglots de Jérémie. Entrecoupés de ces cris de mort par le Recteur prononcés Tollé, Tollé. Crucifige, Crucifige. A ces mots la foule tombe à genoux et chante Parce Domine Et O Crux Ave. De station en station la marche lugubre et funèbre se poursuitA la lueur des falots durant près de trois heures dans la nuit Tandis que la cloche muette en sa cage de pierre Jusqu’à l’Alleluia suspendra sa prière. Enfin vers le sanctuaire la procession s’achemine Par l’oraison de la Passion le Recteur la termine. Oh ! Procession du Jeudi Saint comme je vous aimais ! Hélas ! Ne vous reverrai-je plus jamais !
Poème communiqué par H. Chaumet du Monastier au Père Jean Sanial, Aumônier de la Confrérie des Pénitents blancs du Puy en Velay Le 4 décembre 1953 à Présailles.
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